L’équipe de Sportihome a rencontré pour la première fois Maryh Rougier, wakeboardeuse française, lors de sa saison creuse. Nous avons échangé sur de nombreux sujets, toujours dans la bonne humeur et le partage. Parmi ces sujets, nous retrouvons ses débuts dans la discipline, ses voyages mais aussi ses conseils pour débuter le wakeboard. Prêt.e à découvrir le portrait de Maryh ?
“J’ai débuté le wakeboard à 20 ans, et autant dire que ce n’était pas gagné”
Maryh, peux-tu te présenter et nous parler de ton sport favori, le wakeboard ?
Avec plaisir ! Alors moi c’est Maryh Rougier et je pratique le wakeboard depuis une petite dizaine d’années. J’ai un parcours assez particulier avec le wakeboard puisque je l’ai découvert à 20 ans, ce qui est assez tard.
Pour la petite histoire, j’ai fait du wake pour la première fois durant l’été qui a suivi l’obtention de mon bac. Je travaillais dans une base de loisirs près d’Albi et plusieurs fois par semaine, avec mes collègues, on se rendait sur le wake park.
Mes débuts n’étaient vraiment pas fameux, mis du temps à comprendre le départ et à faire le tour du lac… Honnêtement, je pense avoir mis beaucoup plus de temps à apprendre les bases que la moyenne moyenne. Mais je n’ai pas lâché l’affaire, j’ai fini par dénouer tout ça et enfin glisser sur l’eau ! J’ai tellement aimé cette sensation que j’ai acheté ma propre planche de wakeboard en 2012 et je ne me suis plus jamais arrêtée ! Par contre, mon truc à moi, c’est le wake en câble, le bateau je ne connais pas ahah.
Comment as-tu géré ta passion avec tes cours puis ta vie professionnelle ?
J’ai fait un master 2 et donc chaque été, je pratiquais le wakeboard en France. Une fois l’hiver bien en place, c’était beaucoup plus compliqué bien sûr puisque toutes les infrastructures ferment. Donc j’ai dû trouver un autre moyen pour continuer à rider. Je partais généralement pendant les 2 semaines de vacances qu’offrait l’université, et je m’arrangeais avec les profs pour prendre une semaine de plus. Comme ça, avec ces 3 semaines, je pouvais partir en Asie pour rider au soleil !
Une fois diplômée, j’ai continué à faire ça pendant un moment. C’est tellement génial de pouvoir s’évader là où les températures permettent de se mettre à l’eau même à cette saison.
De l’amatrice à la championne de wakeboard
© Justine Zonne @___jz___
Comment se passent tes entraînements ?
Il faut savoir qu’en compétitions câble, il y a plusieurs formats. D’un côté, il y a celui qu’on appelle ‘’traditionnel’’, qui inclus les ‘’air tricks’’. Il s’agit là de prendre de la vitesse, de se servir de la force centrifuge pour cranter et décoller afin faire des figures dans les airs. De l’autre côté, il y a un format plus core, où on met de côté les airtricks et on se focalise sur le ‘’jib’’ ce qui veut dire qu’on utilise que les ‘’modules’’. C’est ce que je préfère. C’est plus “street” comme on dit. On y trouve des rails en métal, des transferts, de gros gap, on peut trouver des choses plus techniques comme des transferts ‘’rail to rail’’ et bien sûr on garde les kickers.
Je pense que je suis assez perfectionniste, j’ai tendance à apprendre les tricks plus doucement parce que je vais vouloir recommencer jusqu’à que l’exécution ou la sensation me plaise. Ca peut m’arriver de recommencer 15 fois la même chose parce que le ‘’nose press’’ n’est pas assez marqué, ou bien si j’ai commencé une rotation trop tôt ou trop tard par exemple. Mais c’est ce qui me plaît… Passer du temps sur l’eau, cruiser, m’appliquer, me donner à fond et faire en sorte d’avoir le plus d’élégance possible. C’est aussi ce qu’on appelle se “donner du style” dans le monde du wake.
De mon côté, je m’entraîne en wakeboard à Toulouse. On a la chance d’avoir 6 câbles autour de la ville, 3 grands et 3 petits, dont ceux du lac de l’Isle Jourdain, le TNG ou La Source à Carbonne. C’est super pour progresser et voir différentes installations. Je ride généralement seule et je n’ai pas d’entraînement très précis. Après c’est sûr que pour réussir dans le wake, comme dans tous les sports, il faut pratiquer. À l’inverse des autres sports où il y a souvent x entraînements prévus par semaine, là on est livrés à nous même et à notre motivation.
Et les compétitions, comment se déroulent-elles ?
Personnellement, je ne fais pas de compétitions fédérales. Les compétitions auxquelles je participe sont sur un circuit que j’appelle ‘’privé’’.
Avant le Jour-J (ou parfois seulement un jour avant le début des festivités), les riders viennent sur le lac où se déroule la compétition. L’objectif est de créer sa composition, ce qu’on pourrait apparenter à une chorégraphie. Une fois sur le câble pendant la compet, le jury note différents éléments. Il y a la difficulté (des rotations et des familles de tricks réalisés) et la propreté des mouvements puis vient aussi une impression générale sur la compo que l’on a proposée. L’idée est de proposer un juste équilibre entre difficulté et réalisation. C’est toujours très tentant de vouloir faire mieux et plus dur mais c’est parfois prendre des risques inutiles et se retrouver avec un 0 à cause d’une chute.
As-tu une idée des prochains events auxquels tu vas participer ?
À cette période (janvier 2022), nous sommes en pleine période creuse. Le rythme européen tout du moins est figé jusqu’au mois de mars. Je pourrais partir à l’autre bout du monde pour suivre le soleil et profiter de la ride hivernale mais en ce moment ça demande plus d’organisation au vu des conditions sanitaires. Donc j’ai choisi de rester dans le coin et de profiter du snowboard !
En revanche, j’ai beaucoup d’espoir pour la saison à venir. Les câbles sont situés en extérieur et sont donc ouverts pendant la saison (mars-octobre). Il y a pas mal de compétitions déjà prévues. La plupart ont lieu entre avril et août, surtout à l’international. J’ai hâte de voir mon programme se charger !
En Septembre, beaucoup de compétitions ont lieu en France. Je me déplace donc aux 4 coins de la France, en changeant de ville quasiment toutes les semaines. C’est super de pouvoir rider autant de câbles en une saison et c’est une bonne occasion de rendre visite aux copains qui habitent partout en France.
Faire du wakeboard dans le monde entier
© Justine Zonne @___jz___
Quel a été ton voyage préféré pour partir rider ?
J’aurais du mal à répondre un seul voyage. Ils ont tous eu quelque chose de particulier… Par contre, je pense que les voyages en hiver, où j’ai quitté le froid français pour partir au soleil, se hissent parmi mes préférés. Pendant ces trip on ride tous les jours donc on progresse à fond ! Je pense notamment à un hiver aux Philippines. J’y ai rejoins et rencontré plein de copains, on a beaucoup ridé et donc beaucoup progressé. J’y été tellement bien que j’ai même dit merde à mon billet retour pour rester un mois de plus !
Comment gères-tu tes voyages avec la crise sanitaire ?
C’est sûr que mes heures d’avion pour partir en voyage se sont nettement raccourcies avec le covid. Mais finalement on a de la chance, on a de beaux spots de wake en Europe !
Je me suis beaucoup rendue dans le sud de l’Espagne, en Andalousie. Il y a un spot nommé Lunar Cablepark, à 2h d’Alicante. Il est vraiment super. D’ailleurs, j’ai vu que Sportihome avait un logement là-bas, j’ai trouvé ça fou ! C’est sûr que j’irai me faire un petit séjour Sportihome là bas. En plus on peut y être relativement rapidement. Depuis Toulouse, je prends ma voiture pour une dizaine d’heures et du jour au lendemain, je me retrouve sur un super spot dans un autre pays… Le rêve.
Les conseils et les projets de Maryh Rougier
© @syltrajan
Que dirais-tu à un wakeboardeur débutant ?
Oh je crois que j’aurais beaucoup de choses à dire ! Je pense que pour débuter en wakeboard, il suffit d’avoir envie et être motivé. C’est vrai que réussir le départ, ça peut s’avérer plus compliqué que ce qu’il n’y paraît. Comme je disais tout à l’heure, j’ai mis beaucoup de temps à comprendre les bases, mais il y a aussi un grand nombre de gens qui réussissent dès la première session ! En wakeboard, une fois qu’on a les bases, on peut très vite évoluer.
C’est un sport certain dans le sens où on a un câble, une planche de wakeboard et une vitesse définie. On a pas besoin d’attendre qu’il neige pour pratiquer, s’il pleut ou qu’il fait froid, bah c’est pas grave. Et même si tomber dans l’eau avec de la vitesse ça peut parfois faire mal, c’est toujours plus agréable que le béton ou la neige dure. Surtout en plein mois d’Août 😉 Donc on y va et on profite, tout simplement.
L’un des avantages de ce sport c’est aussi qu’on est constamment dehors donc ça déconnecte du quotidien, ça fait un bien fou. On a beaucoup d’interactions, que ce soit avec les membres du staff des parks ou les autres pratiquants. On a la chance d’avoir une forte communauté qui s’entraide, qui s’accompagne dans les bons comme les plus durs moments. Et c’est vraiment top !
Et pour terminer, quels sont tes futurs projets Maryh ?
Cet hiver je n’ai pas prévu de partir à l’autre bout du monde. Je vais plutôt rester en France pour profiter du snowpark de Font Romeu et je descendrai certainement à Lunar le mois prochain. D’aileurs, je rentre d’ailleurs tout juste d’un séjour Sportihome à Font-Romeu, dans les Pyrénées.
Le snow c’est très différent du wake, on a beaucoup de choses à comprendre nous les petits ‘’wakeux’’, comme on nous appelle. Comme par exemple, l’appréhension de la vitesse, la gestion du corps et principalement des épaules sans le palonnier, le fait d’atterrir dans de la descente et pas sur du plat. Mais on découvre énormément de choses qui ne sont pas possible en wake et qui complètent énormément notre ride.Ça permet de découvrir d’autres sensations, de comprendre certains mouvements et même de mieux connaître son corps. On travaille aussi la capacité d’adaptation, c’est cool.
Et pour la saison à venir, j’aimerais beaucoup faire plein d’événements et prendre toujours autant de plaisir à rider !
Merci à Maryh Rougier pour cet échange enrichissant ! Si vous souhaitez suivre son quotidien de sportive, rendez-vous sur son Instagram.
Photo de couverture : @shotbyleodress
Salomé Honvault
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