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Interview de Jérémy Badré, Champion du Monde de sauvetage sportif

Dans la discipline du sauvetage sportif, Jérémy Badré a un palmarès long comme le bras ! Membre de l’équipe de France depuis 2013, il a ainsi gagné en relais les Jeux Mondiaux 2013 (équivalent des Jeux olympiques pour le sauvetage sportif), les Championnats d’Europe 2015 et les Championnats du Monde 2014 et 2016. Troisième en relais aux Jeux Mondiaux 2017, le Montpelliérain détient par ailleurs 6 records de France. 

Autant dire que Jérémy Badré sait de quoi il parle, une belle occasion pour Sportihome d’échanger avec lui sur le sauvetage sportif ! 

La team Sportihome a ainsi eu le plaisir d’interviewer Jérémy Badré, un athlète qui sait ce qu’il veut.

Fiche technique de Jérémy Badré 

Date et lieu de naissance : Le 24/07/1990, à Perpignan
Débuts en sauvetage sportif : 2009
Homespot : A Montpellier, au Pôle France
Une compétition que tu rêves de disputer :  Les championnats du monde en Australie. (Organisés à compter du 17 novembre prochain en Australie). C’est la terre du sauvetage sportif, cela promet d’être sympa !
Ta routine avant d’aller à l’eau : Je suis souvent le dernier à me mettre à l’eau ! Je repousse ce moment, vu que l’eau est froide.

Interview de Jérémy Badré

Sportihome Mag : Peux-tu nous expliquer en quoi consiste le sauvetage sportif, qui reste assez méconnu en France ?
C’est un sport qui se déroule en piscine et en mer, nous sommes 6 sauveteurs répartis sur 12 épreuves individuelles. Elles délivrent chacune un titre (champion de France, champion du monde…). On doit donc être à la fois spécialistes, pour être performants et grimper sur les podiums, et polyvalents de façon à pouvoir apporter le plus de points pour le classement général de l’équipe.

En piscine, on a des mannequins complètement immergés (ou semi-immergés) de 43kg à remonter, et à remorquer par exemple sur 50m.
En mer, on doit composer avec des parcours : cela peut être un aller-retour entre des bouées, avec une course à pied au préalable, un parcours avec une planche de sauvetage ou encore avec un kayak.
L’épreuve reine du sauvetage s’appelle l’OceanMan, c’est un combiné de tout ça. Peu importe les conditions, les sauveteurs y vont, même s’il y a 2m50 ou 3m de vagues ! Ce n’est pas un souci… 

Sportihome Mag : Qu’est ce qui t’as donné envie de te mettre à ce sport ?
Cela vient de mon entraîneur de natation, Raphael Raymond, qui me coache depuis que j’ai 9 ans. Cela fait donc 19 ans que je m’entraîne avec lui. Il a été sélectionneur de l’équipe de France de sauvetage, assez tôt dans sa carrière. Un jour, il m’a dit : « tu a été champion de France cadets en natation ; mais tu vas désormais devoir affronter sur tes épreuves Manaudou, Bousquet, Gilot, Leveaux, Alain Bernard… Si tu veux rentrer en équipe de France, il va falloir être dans le Top 5 mondial. Tu auras plus de facilités à entrer en équipe de France de sauvetage que de natation… »

Je me suis donc mis au sauvetage, et je me suis éclaté à faire ça ! J’ai commencé à décrocher quelques titres, mais je manquais encore de polyvalence pour intégrer la sélection nationale. Un objectif que j’ai atteint en 2013.

Sportihome Mag : Qu’est ce qui te plaît le plus dans le sauvetage sportif ?
L’ambiance y est beaucoup plus familiale, il y a un vrai partage et de réelles valeurs, telles que l’entraide et le don de soi. C’est encore plus flagrant en Australie, puisque les sauveteurs sont obligés de surveiller les plages à tour de rôle, le week-end, dés l’âge de 16 ans. C’est du bénévolat, ils doivent faire minimum 25h/an, faute de quoi ils ne sont pas autorisés à disputer des compétitions. Il serait intéressant de pouvoir adapter cela en France… 

Sportihome Mag : Quelles sont les qualités à avoir pour performer dans cette discipline ?
A la base, il faut être un bon nageur, avec des qualités de force pour ramener le mannequin et utiliser les palmes. Pour la partie côtière, il faut beaucoup d’expérience pour lire au mieux le plan d’eau et adopter la bonne stratégie. On doit également être endurant, puisque l’épreuve reine en côtier dure une quinzaine de minutes… 

Sportihome Mag : Tu as décroché plusieurs médailles aux Jeux mondiaux, l’équivalent des Jeux Olympiques pour le sauvetage sportif. Quels y sont tes souvenirs les plus marquants ?
Les Jeux Mondiaux 2013 en Colombie, vraiment. C’était la première fois que je disputais une compétition dans une piscine à guichets fermés, avec 4 000 spectateurs dans les gradins. Lors de la dernière épreuve, nous avons établi un record du monde, c’était la folie en tribunes ! Les 4 000 personnes ont déclenché une ola, je m’en souviendrai toute ma vie.

Sportihome Mag : A l’heure actuelle, est-il possible de vivre du sauvetage sportif, en France et dans le monde ?
En France non, on ne gagne rien du tout, hormis deux-trois primes dérisoires. En Australie par contre, les meilleurs sauveteurs présents sur le circuit pro, sponsorisé par la marque Kellogg’s, gagnent très bien leur vie. Je pense que c’est dans les 100 000 € l’année… Kellogg’s a d’ailleurs développé là-bas une gamme de céréales qui fait figurer sur le paquet la tête du sauveteur ! Pour te dire que les mecs sont vraiment connus, ça passe en direct à la TV, c’est un autre niveau.

Sportihome Mag : Pratiques-tu d’autres sports outdoor, comme le kitesurf, le surf, le wake, le skate, le snowboard.. ?
Je ne fais pas trop de pratique outdoor car je suis assez sujet aux blessures, du fait que je sois nageur depuis tout petit. J’ai appris à nager à l’âge de trois ans ½… Je n’ai pas développé des qualités athlétiques permettant d’éviter les entorses, j’évite donc de faire du ski, du surf ou quoique ce soit.

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Sportihome : En quoi a consisté ta préparation pour les Championnats du Monde 2018, sur les plans physique, mental, technique notamment ?
Certains athlètes de l’équipe de France – dont moi-même – sont suivis par des préparateurs mentaux, chacun est libre d’y recourir ou non. Je travaille surtout en sophrologie, sur la gestion de stress par exemple, en écoutant une bande-son avec la voix du préparateur.
Il y a également un travail sur les mots. Tu vas ainsi te préparer plusieurs mois à ce qu’avant le « A vos marques », tu sois dans un état de tranquillité. Dés que tu entends la fameuse phrase, il y a alors un effet psychologique et physique, permettant d’être quasiment prêt tout de suite, sur le plot.
Comme tous les sportifs de haut niveau, nous sommes également suivis par des psychologues, par un staff médical… Nous bénéficions des services d’un préparateur physique, qui nous établit un programme pour l’année. 

Cette année est particulière pour moi, j’ai subi deux luxations complètes aux championnats de France de natation 2017. Je me suis un peu bousillé l’épaule, cela a nécessité une opération.
J’ai quand même réussi à participer aux Jeux Mondiaux 2017 avec l’épaule en vrac, en musclant durant deux mois à fond.
J’ai obtenu ma qualification pour les championnats du monde 2018, de par les résultats que j’avais fait dans la saison, mais je n’ai repris les entraînements à 100% qu’il y a 1 mois ½…
Je fais tout pour être au niveau, ma prépa est différente des autres années mais je mets les bouchées doubles ! 

Sportihome Mag : Quels seront tes objectifs sportifs sur ces Mondiaux ?
Le titre ! Même si je sais que je pars avec un handicap en terme de performance. En individuel, le but sera de m’approcher des podiums mais je vise vraiment le titre avec l’équipe de France, sur les relais, comme les saisons précédentes. Au classement général, nous aimerions en outre terminer dans le Top 3. 

Sportihome Mag : Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui aimeraient se lancer dans le sauvetage sportif ?
Qu’ils n’hésitent pas à foncer ! C’est une belle école, cela apprend beaucoup sur soi et sur la vie en général. Le sauvetage sportif permet aussi de voyager, de découvrir d’autres pays grâce aux équipes de France. Grâce à cette discipline, j’ai des amis en Australie, en Afrique du Sud… c’est une grande famille ! 

Sportihome Mag : En tant qu’athlète de haut niveau, tu voyages logiquement beaucoup. Quels sont les spots qui t’ont marqué, en France et dans le monde ?
Sur la partie côtière, il y a des spots connus en France tels que Hossegor, Capbreton, Biarritz, Hendaye… Ce dernier va d’ailleurs accueillir les championnats nationaux (du 26 au 29 septembre, ndlr).
A l’étranger, j’apprécie l’Australie, il y a de bonnes petites sessions à faire, comme en Afrique du Sud. Mais l’eau y est à 12°, ça calme direct quand tu rentres ! Je pense également à la Nouvelle-Zélande.  

Sportihome Mag : Que penses-tu du concept de Sportihome, qui a pour but de rapprocher les gens à travers des passions sportives ?
En fait, je connais Sportihome depuis l’an dernier. Je trouve ce concept de AirBnb sportif vraiment intéressant ! Il y a un réel potentiel de vouloir partager sur le sport en général, et de pouvoir partager  sur les spots au niveau local. C’est ce que je fais avec le monde du sauvetage : lorsque je voyage en  Australie, je vis chez l’habitant, ils sont désormais des amis mais ce sont eux qui m’ont montré les meilleurs spots. On apprend toujours mieux quand on est au contact de locaux, avec qui on partage la même passion, c’est vraiment cool ! 

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Sportihome Mag : Quels sont désormais tes projets à venir ?
Je continue le sport durant encore quelques années, et j’ai repris mes études. Je suis en Bachelor Marketing et Management des Activités sportives, et j’ai pour ambition d’intégrer une école de commerce sur Paris ! Par la suite, pourquoi pas partir dans du consulting ou un service marketing, en lien avec le sport ou non. Je ne me ferme pas de portes… J’en profite pour remercier Sportihome pour cette interview !

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